Conversations amicales dans la taverne des Douze Esprits

Un joyeux brouhaha sortait de la célèbre taverne des Douze Esprit, située dans la rue principale d'Hytnic. Kiryw, qui comptait regagner l'hôtel le plus tard possible, se dit que la meilleure façon de faire passer la soirée était de discuter et... boire, sans doute.
Elle entra donc dans la fameuse taverne, s'assit à une table vide et commanda une bière, en attendant que quelqu'un vienne discuter avec elle.

" Je suis en danger ici maintenant, il faut que je parte au plus vite. J'irai à Hytnic ce n'est pas si loin que ça si je me dépêche et j'irai dans une auberge pour la nuit." songea Morwën en tournant en rond à l'intérieur de sa chaumière après avoir incinéré les corps de Sierra et d'Elyanna, sa seul famille.

Morwën fouilla toute la maison et prit le stricte nécessaire : son arc et son carquois, sa dague, quelques vêtements et surtout un peu de nourriture, d'eau et d'argent.
- Allons-y, dit-elle amèrement.

Elle partit au nord, vers sa destination, sans aucun regret, que des souvenirs. Ce n'est qu'au coucher du soleil, après avoir fait une pause pour boire et manger, qu'elle arriva aux portes d'Hytnic.
- Juste à temps, tiens il y a une taverne " La taverne des Douze Esprits", lut-elle, je n'ai plus rien à manger et je n'aurai qu'a demander si il y a une chambre libre.

Elle poussa le battant de la porte et entra, c'était un endroit bondée. Morwën se faufila jusqu'à une table ou il y avait une femme aux cheveux châtain lui tombant sur les épaules.
- Bonjour, excusez-moi de vous déranger, puis-je m’asseoir ici ? demanda-elle, avec un ton de méfiance, à cette inconnue.(Kiryw)

Kiryw leva les yeux vers celle qui venait de l'interpeler: c'était une jeune elfe au regard vert troublant, qui semblait mélancolique et perdue. Kiryw se dit qu'elle allait sans doute l'apprécier, les elfes étant toujours de bonne compagnie.
-Bien sûr. Je cherchais justement quelqu'un, n'importe qui, pour faire la conversation.
Il y eût un petit silence, puis elle demanda:
-Moi c'est Kiryw, et toi ?

- Moi c'est Morwën, je préfère ne pas révéler mon nom pour le moment car je ne veux pas me faire remarquer ni même reconnaître, répondit-elle avec un ton poli et respectueux en s'asseyant en face de cette jeune femme qu'elle voulait apprendre à mieux connaître.
Kiryw avait les yeux d'un bleu océan unique qu'elle n'avait jamais vu auparavant, elle avait des mitaines noires et une peau très pale telle la neige ce qui lui donnait un air assez mystérieux.

- Je vais négocier pour une chambre ici et demander quelque chose à manger et à boire, voulez-vous quelque chose en particulier ? questionna Morwën, en attendant la réponse de cette nouvelle rencontre.

La jeune elfe lui semblait très polie, mais paraissait cacher quelque chose.
-Merci, je n'ai pas faim et je crois que j'ai assez bu !
Kiryw eût un petit rire. Elle croisa les bras, cachant sa main gauche.
-En ce qui concerne la chambre, je suis dans un hôtel du quartier voisin, tu peux venir aussi, c'est vraiment pas cher et c'est propre. Et puis, j'ai 17 ans, je pense que tu peux me tutoyer...
Elle se rapprocha de l'elfe et fixa son regard sur ses yeux émeraude.
-Pourrais-tu parler un peu de toi ? Je parais sans doute impolie, mais je n'ai rien vécu d'extraordinaire, si ce n'est ma rencontre avec mon dragon, et je n'ai rien à cacher.

En me baladant ans les rues de la capitale, je tombai sur une taverne qui m'avait l'air bien remplie. Toujours en quête d'informations sur les monstres, je pourrais y glaner quelques rumeurs. Sur ces pensées, j'entrai. La taverne était bien fournie, elle avait l'air plutôt connue. En me faufilant entre diverses personnes, j'arrivais au bar. Je commandai une chope de bière, histoire de pas faire tâche.

Toujours en slalome, j'arrivai à une table voisine de... une Humaine et...une Elfe ? Cela m'ébranla. Ces créatures sont très rares dans le coin, le fait d'en voir une ici était pour le moins déstabilisant. Elle me rappela mes origines, mais je me repris aussitôt. Mine de rien, je m'assis sur la chaise, dos à eux, et écoutai leur conversation en sirotant ma bière. A vrai dire, c'était plus de l'eau coupé avec de la bière que, de une, l'inverse et de deux de la bière simple. Oui, c'était dégueulasse.

J'appris que l'Humaine s'appelait Kiryw et l'autre Morwën, rien de bien intéressant jusque là, sauf peut être le fait que l'Elfe ne voulait pas se faire connaitre. Paradoxalement, elle parlait assez fort pour que je l'entende, niveau discrétion c'était raté, surtout qu'elle avouait son prénom à une inconnue. L'Humaine n'avait que 17 ans et avait déjà un Dragon, c'était plutôt intrigant. Sinon, celle-ci habitait dans le quartier, j'espérais donc une séance filature, juste pour ne pas me rouiller. Elles avaient l'air plus que normales, ce n'aurait pas été dur de les suivre sans se faire repérer. Mais la suite de la discussion allait beaucoup m'importer car l'Elfe allait parler d'elle, du moins si elle accepte les demandes de cette Kiryw.

- D'accord Kiryw j'accepte de venir avec toi à l'hôtel, acquiesça Morwën en baissant d'un ton la voix tout à coup. Je raconterai peut-être mon histoire mais pas ici, il y a trop de monde. Je vais chercher ma commande.

Sur ce elle se leva et se dirigea vers le bar et demanda une tranche de pain, des légumes et une flasque d'eau puis revint en se faufilant entre les clients tapageurs.
Elle mangea lentement sous le doux regard de Kiryw, toutes deux parlaient de tout et de rien jusqu'à ce que Morwën eut fini son repas. Repue, elle paya ce qu'elle devait payer et sortit de la taverne.
- Enfin de l'air pur... Kiryw,si ça te gêne pas, pourrai-tu me raconter ta rencontre avec ton dragon ? avait-elle dit en se retournant vers elle.

-Eh bien... C'était le jour de mes douze ans. J'accompagnais mon frère Ruxko, qui avait alors dix huit ans, lors d'une chasse au renard. A l'époque je savais déjà tirer à l'arc et manier la dague.
Kiryw regarda le ciel noir constellé de petites étoiles scintillantes avec un peu de nostalgie.
-Donc c'était dans la forêt, je m'étais un peu éloignée de mon frère et ses amis car je connaissais bien le coin. Puis à un moment, je suis allée au-delà de l'endroit où je m'arrêtais d'habitude. J'ai suivi un sentier, et d'un coup j'ai entendu... une sorte d'appel. Je me suis donc éloignée du sentier pour voir qui avait parlé. C'est là que j'ai vu Yshyn... C'est sans doute lui qui m'a appelée. Et je me rappelle encore très bien que j'avais l'impression de déjà le connaître. Je ne sais toujours pas pourquoi, d'ailleurs.
Kiryw dévisagea longuement Morwën.
-Depuis que je t'ai aperçue tout à l'heure, je n'arrête pas de penser que tu cache quelque chose. Je me trompe?

A leur sortie, j'attendis 20 secondes avant de les suivre au dehors. Je rabattis ma capuche pour mieux me dissimuler dans le noir. A l'ombre des bâtiments, je les suivais dans la rue déserte. Je courais, discrètement, pour me cacher dans les ruelles adjacentes tout en écoutant leur conversation. Ils allaient voir le Dragon de Kiryw, ça, ça m'intéressait.

C'est ce que j'adorais : cette fille ne m'a jamais rencontré et pourtant, je sais une partie de sa vie. J'eu un petit coup d'adrénaline quand un chat miaula près de moi, ce qui ne manqua pas de se faire retourner les deux filles. Avant qu'elles n'aient le temps de se retourner, j'étais accroupi vers le chat et le caressait. Il ne manqua pas de me déchiqueter la main avant de s'enfuir alors que mes cibles reprenaient leur marche. Ca commençait à chauffer : Kiryw demandait à Morwën ce qu'elle lui cachait. Au même moment, j'aperçu Az d'un peu trop prêt puisqu'on se percuta ; il venait de sortir d'une ruelle. Je me jetais dans celle-ci en l’entraînant avec moi. Je lui plaquai la main sur la bouche, dévoila mon visage et mis un doigt sur les lèvres pour lui signifier de se taire, ou du moins de ne pas parler fort.

Que faites-vous là ? Je suis entrain de suivre ces deux filles... pour je ne sais quelle raison à vrai dire. Mais vous m'avez interrompu ! Moi qui espérait m'amuser, c'est raté.

Je fis une légère moue pendant que je lui libérais les lèvres. Soudain, je me rendis compte que j'étais à cheval sur lui, assise au niveau de son bassin. Je rougis, comme à notre rencontre, avant de me décaler sur le côté pour m’adosser au mur.

- Oui, tu as raison, je vais t'expliquer pourquoi je suis là et ce que je vais faire après, fit Morwën d'une voix profonde. Ça s'est déroulée hier, le matin avec ma soeur Elyanna, je lui apprenait à jouer à un jeux. Ensuite, ma mère Sierra nous avais appelé pour venir manger. Lorsque on eut tous fini, j'ai du aller chercher de l'eau à la fontaine qui était assez loin. Une fois arrivée là-bas, il y avait une sorte de parchemin sur le bord de la fontaine.

Elle regarda profondément Kiryw et entendu un chat qui miaulait de fureur.
- Sur ce parchemin, il y avait un message ou il y était inscrit : Tu ne les reverra pas,signé un petit Albe. Ou quelque chose comme ça, donc je suis revenue aussi vite que j'ai pu chez moi, mais c'était trop tard, ma soeur et ma mère était morte avec un trou énorme dans la poitrine. Et je suis ici pour retrouver celui qui a fait ça et le tuer, je chercherai partout dans Fletindrass pour le massacrer, continua-elle en fondant en larmes.

Elle détourna son visage de celui de Kiryw et essaya en vain de se calmer.

Kiryw, voyant l'elfe fondre en larme, entra dans une fureur immense qu'elle ne laissa pas sortir d'elle-même, comme cela lui arrivait souvent. D'une voix claire et sinistre, elle dit:
-Je suis désolée pour ta famille... Ces Albes sont des créatures ignobles, et même pire. Tout ce qu'ils font, c'est jouer avec nos nerfs, ça les amuse. Ils ne devraient pas exister. Je ferai tout ce que je peux pour t'aider.
Soudain, Kiryw se retourna, méfiante, et chuchota:
-Tu n'as pas entendu quelqu'un parler, derrière ? (il y eût un petit silence) Bah, non, ça doit être moi. J'entend quelque fois des murmures depuis ma rencontre avec Yshyn, ça ressemble à cet appel.
L'elfe avait séché ses larmes.
-Viens, on va à l'hôtel, déclara Kiryw.

Morwën se releva doucement et tourna la tête vers Kiryw puis la suivit et pendant le trajet jusqu'à l'hôtel, elle lui dit :
- Merci pour ton dévouement, je t'en suis reconnaissante, moi je pense que c'est pas forcément un Albe mais plutôt un de leur vil allié et si je le rencontre, on pourra lui dire au revoir à jamais, maintenant, j'aimerai beaucoup me reposer pour le moment, la journée a été très longue et éprouvante pour moi.

Arrivées devant l'hôtel, les deux jeune femmes entrèrent et Morwën prit directement la direction du comptoir et demanda d'une voix mi-fatiguée mi-méfiante :
- Bonsoir, excusez-moi de vous déranger, mais avez-vous une chambre libre pour moi, s'il vous plait ?
- Oui, la chambre 24, au troisième étage, ça vous coûtera 50 pièces d'argent, voulez-vous que je vous accompagne?
- Non merci, ça ira, tenez vos 50 pièces d'argent.
Morwën retourna auprès de Kiryw qui l'attendait près des marches menant aux étages supérieur.
Elles montèrent ensemble les escaliers, enfin arrivées au troisième étage, Morwën se dirigea vers celle qui portait le numéro 24, l'ouvrit après avoir salué Kiryw et avança. C'était une chambre spacieuse avec un lit à baldaquin et une grande fenêtre gothique qui illuminait la pièce.
" Quel fantastique rencontre, cette Kiryw m'a l'air honnête, il faut que je couche sinon je vais dormir debout !" songea Morwën en se déshabillant.
Sur ce, elle se coucha en entrant dans le magnifique monde des rêves.

Cela faisait une journée qu'Az avait rencontré cette fille. A vrai dire, il ignorait jusqu'à son nom, mais elle l'avait impressionné de part sa répartie et sa résistance alors qu'il l'interrogeait. Dommage qu'il n'avait pas pu pousser la conversation plus loin. Le jeune homme ne savait pas pourquoi d'ailleurs, une ombre a semblé passée puis, plus rien : elle avait disparu. Quoiqu'il en soit, elle occupait son esprit, aussi bien ses rêves lors de la nuit inconfortable qu'il avait passé à la caserne que pendant sa journée de vadrouille dans Hytnic. Il avait fait et refait le tour de la ville, des "tours de ronde" comme il disait, mais c'était plus une excuse pour rester passif. Il se faisait tard, la nuit étant tombée, il décida de rentrer en faisant un détour par les quartiers les plus fréquentés de la ville.

C'est au détour d'une rue que quelqu'un le percuta. Sans qu'il n'eût le temps de sortir ses armes, il se vit couché dans la rue, une fine main plaquée sur sa bouche. Il reconnut cette jeune femme. S'il pouvait, il aurait souri, mais sa main restait avec force sur ses lèvres, à cheval sur Az.

Que faites-vous là ? Je suis entrain de suivre ces deux filles... pour je ne sais quelle raison à vrai dire. Mais vous m'avez interrompu ! Moi qui espérait m'amuser, c'est raté.

De la filature ? C'était de plus en plus intéressant…cette fille était de plus en plus intéressante ! Le tout pour "s'amuser", cela voulait dire qu'elle avait déjà suivit telle ou telle personne, et sans doute y était-elle habituée. Soudain, elle sembla se rendre compte de sa position et se décala, en rougissant une fois de plus. Elle semblait "bouder" le Dragon d'Or de l'avoir interrompu. Il se redressa sur l'arrière-train avant de la testé, une fois de plus.

-Comme on se retrouve n'est-ce pas ? Le plus drôle, c'est que je découvre que vous commettez certains délits ? Vous devrez être au minimum taxé pour une telle filature ! Mais bon, à dire vrai, vous m'intéressez. Lors de notre dernière, et première, rencontre, comment vous êtes-vous échappée, et surtout, pourquoi ?

Il nota qu'il continuait son interrogatoire. Il se sentit mal de toujours la menacer et tenter de lui tirer les vers du nez, mais il se convînt que c'était dû à une déformation professionnelle. La jeune femme paraissait, elle, tout à fait stoïque. Elle n'avait pas l'air de se sentir mal ou gêné par la question. Étonnamment, elle restait neutre. Ses traits et son sourire presque narquois traduisaient un apprentissage à la résistance aux interrogatoires. Toujours plus, l'esprit d'Az était torturé pour cette question : "Qui est cette femme ?".

Quand il recommença à m'interroger, je lui souris grandement. Alors comme cela je l'intéressais ? Et il ferait parti d'une genre de milice au vu de ses capacités d'interrogation et aussi le fait qu'il me reprochait un délit ? Je me souvins de la soirée de la veille… Je ne pouvais lui répondre sans l'effrayer. Je ne pouvais pas tout lui révéler, pas maintenant en tous cas. Dans quelques jours néanmoins, j'aurais besoin d'alliés, dont cet homme. Mais aujourd'hui, il fallait que je le fuie, une fois de plus. Je regardais pendant tout ce temps dans le vague, au fond de la ruelle sombre. C'est la technique la plus basique pour détourner l'attention. Et c'est fou comme l'esprit humain a ses réflexes, ses mécaniques, car, lui aussi, tourna la tête pour voir ce qui m'intriguait. Bien sûr, quand se retourna pour continuer de me sonder du regard, j'avais disparu. Rapidement, je m'étais levée et avais pris la poudre d'escampette avant de rejoindre le bâtiment le plus proche qui était encore ouvert : l'auberge.

Je vis par la fenêtre les deux femmes qui prenaient une chambre. J'entrai, naturellement, au moment où la réceptionniste annonçait la chambre numéro 24 pour l'Elfe. En regardant les clefs de disponibles, je ne vis que deux chambres encore libres : la 23 et la 12. Une fois les deux femmes à l'étage, je payai à mon tour ma chambre, la 23 bien sûr. J'arrivais juste à temps dans le couloir pour voir Morwën et Kiryw se rendre dans leur chambre respective : la 24 et la 25. J'entrai à mon tour dans la mienne. Ma main me brûla, comme pour la soirée dernière, et le loquet se verrouilla. Un Albe, cet Albe, ferma la fenêtre par laquelle il était sans doute entré. En un instant il se retrouva devant moi, à me saisir le poignet droit dont la main s'était refermée sur la poignée de mon épée. Toujours, il arborait son sourire narquois. Si j'alertais l'auberge de sa présence, il aurait vite fait de me tuer, et aussi tuer les autres résidents. Cela ne servait donc à rien. Je me contentai donc de respirer lourdement, le regard posé sur le sien, des gouttes de sueur me perlant sur la nuque et le front.

Comme on se retrouve, ma chère Safya. Ta main te brûle encore ? Cela ne va pas s'arrêter de si tôt, ne t'en fait pas.

Que me voulez-vous à la fin ?!

Je ne veux pas ta vie, ni ta lame. Je veux juste te prévenir que je sais que tu comptes prévenir cet Az… Ho pardon, je crois que tu ne connais pas encore son nom, c'est l'homme, le militaire que tu as rencontré hier. Bref, sache que si tu le préviens, mes frères le sauront. Présentement, ils ignorent jusqu'à ta présence en Hytnic, je suis le seul qui m'occupe de toi. Mais fais une seule bavure et on n'entendra plus jamais parler de toi. Ce serait dommage, toi, une si jolie jeune fille. Tu nous es si précieuse. Je t'en prie, ne fais rien que tu pourrais regretter.

Je n'eu pas le temps de répliquer que la chandelle qui éclairait la pièce fut soufflée. La lumière revint une seconde après ; plus personne.